Effets secondaires de la radiothérapie prostatique (à la prostate)

La radiothérapie externe à la prostate est fréquemment utilisée dans le traitement du cancer de la prostate. Ce billet traite des effets secondaires les plus fréquents d’une radiothérapie externe à la prostate. Pour plus d’information sur la curiethérapie prostatique, suivez ce lien.

Tout d’abord, il est important de comprendre quelques fondements de base de la radiothérapie et des effets secondaires associés. Je suggère fortement de lire ce billet avant de poursuivre votre lecture. De plus, les termes « toxicités » et « effets secondaires » sont utilisés de façon interchangeable.

Encore une fois, je réitère l’importance de discuter de votre situation avec votre radiooncologue. Les effets secondaires discutés dans ce billet peuvent varier énormément en intensité selon les facteurs discutés ci-dessous. Seul votre médecin peut vous renseigner sur votre traitement.

Facteurs qui influencent les effets secondaires

La dose et le fractionnement. Un traitement de radiothérapie est prescrit en termes de dose totale et nombre de fractions (séances). Plus la dose totale est importante, plus le risque d’effets secondaires est augmenté. Le nombre de fractions peut également influencer l’intensité des effets secondaires.

Le stade de la maladie. Bien entendu, plus une région à traiter est volumineuse, plus élevé sera le risque de développer des effets secondaires. Plusieurs facteurs peuvent influencer la région à traiter dans un cancer de la prostate, notamment le niveau de risque de la maladie. En général, plus le niveau de risque est élevé, plus grande sera la région à traiter. Bien entendu, il y a plusieurs exceptions à cette règle.

La technique utilisée. L’utilisation de techniques modernes de radiothérapie, par exemple la modulation d’intensité par planification inverse (IMRT) pourrait permettre de limiter certaines toxicités.

Ces paramètres doivent être pris en considération avant de tenter de prédire des effets secondaires de la radiothérapie. C’est pourquoi seul un radiooncologue est en mesure de vous guider concernant les toxicités prévues de votre traitement. Vous ne pouvez donc pas comparer votre traitement à celui de votre voisin.

Ceci étant dit, voici les effets secondaires les plus fréquents de la radiothérapie à la prostate.

Pendant les traitements

Fatigue. La fatigue est un effet secondaire fréquent de toute radiothérapie. Il s’agit le plus souvent d’une fatigue légère pour laquelle une sieste permet de bien récupérer.

Les effets secondaires suivants, s’ils surviennent, n’apparaissent pas soudainement. Ils sont graduels et tendent à apparaitre après environ deux semaines de traitements.

Difficulté à uriner. Les problèmes urinaires reliés à la prostate (prostatisme) sont fréquents après la cinquantaine. Il s’agit le plus souvent de difficultés à amorcer la miction (action d’uriner), une diminution de l’intensité du jet et une sensation de vidange incomplète (impression qu’il reste de l’urine dans la vessie après avoir uriné). Bien des hommes remarquent également qu’ils doivent se lever plus souvent la nuit pour aller uriner (nycturie). Ces phénomènes sont souvent amplifiés par la radiothérapie et une médication et parfois même des interventions peuvent être nécessaires durant les traitements.

Inconfort en urinant. La prostate est traversée par l’urètre, un petit tuyau qui se rend de la vessie jusqu’au bout du pénis (méat urinaire) pour faire sortir l’urine. Cette structure, tout comme une petite partie de la vessie, reçoit donc la totalité de la dose de radiothérapie. Ceci peut donc entraîner des inconforts, surtout en urinant. Ces inconforts peuvent ressembler aux symptômes d’une infection urinaire et donc il est possible que votre médecin prescrive une analyse et culture d’urine afin de s’assurer que ce n’est pas le cas.

Sensation d’urgence urinaire (d’avoir l’impression de devoir y aller LÀ, maintenant!). Encore une fois dû à l’irritation de la vessie et de l’urètre.

Selles plus molles – diarrhées – passage de mucus. La prostate est une glande située très près du rectum, qui reçoit donc, en partie, une portion de la dose de radiothérapie. Ceci entraîne une irritation qui donne l’impression au cerveau qu’il y a des matières fécales prêtes à être évacuées dans le rectum. Souvent, il s’agit surtout de mucus et il n’y a que peu de selles. Dans certains cas, ceci peut également entraîner un inconfort. Des médicaments peuvent être nécessaires.

Après les traitements

Ces effets secondaires peuvent se manifester des mois, voire même des années après la radiothérapie.

Difficultés persistantes à uriner. Le processus de cicatrisation qui suit la radiothérapie peut entraîner un rétrécissement (sténose) de l’urètre, ce qui peut causer des problèmes urinaires.

Saignements urinaires. Suite à la radiothérapie, une partie de la vessie subit des transformations que l’on peut comparer à un processus de cicatrisations. De petits vaisseaux sanguins peuvent se rompre et entraîner des saignements, habituellement légers. La radiothérapie peut également entraîner des ulcérations dans la vessie. Ceci n’est heureusement pas fréquent.

Sang dans les selles – saignements rectaux. Par un processus similaire aux saignements urinaires, il est possible que la radiothérapie entraîne des saignements dans les selles, habituellement légers.

Ces phénomènes surviennent habituellement plusieurs mois, voire même plusieurs années, après la radiothérapie. Bien entendu, il est primordial de porter ceci à l’attention de vos médecins. Avant de conclure à un effet secondaire de la radiothérapie, des examens seront nécessaires puisque d’autres problèmes peuvent entraîner des symptômes similaires.

Dysfonction érectile. Environ une personne sur deux qui sera traitée par radiothérapie externe à la prostate aura des problèmes de dysfonction érectile. Habituellement, un traitement médicamenteux permet de contrer ce problème. Ce risque est moindre que celui entraîné par une chirurgie qui est d’environ 2 personnes sur 3. Les hommes ayant reçu une radiothérapie pour un cancer de la prostate remarquent également une diminution du volume de leur éjaculation.

Conclusion

Ce billet a été rédigé afin d’orienter les patients dans leur discussion avec leur radiooncologue. Tel que mentionné à plusieurs reprises dans le texte, seul votre médecin pourra vous guider dans les risques propres à votre cancer et à votre traitement, en prenant en considération les dizaines d’éléments qui peuvent aider à prédire ces risques. Il faut aussi comprendre qu’il s’agit de risques; on ne parle donc pas de certitude. Bien des patients complètent leurs traitements en n’ayant qu’une légère fatigue et une difficulté à uriner accompagnée d’inconforts qui se résolvent quelques semaines après la fin des traitements.