Effets secondaires de la radiothérapie pulmonaire (au poumon)
|La radiothérapie pulmonaire (au poumon) est fréquemment utilisée dans le traitement du cancer du poumon lorsqu’une chirurgie n’est pas possible ou non favorisée. Comme tout traitement, elle comporte des risques d’effets secondaires. Ce billet traite des effets secondaires les plus fréquents d’une radiothérapie thoracique.
Tout d’abord, il est important de comprendre quelques fondements de base de la radiothérapie et des effets secondaires associés. Je suggère fortement de lire ce billet avant de poursuivre votre lecture. De plus, les termes « toxicités » et « effets secondaires » sont utilisés de façon interchangeable.
Encore une fois, je réitère l’importance de discuter de votre situation avec votre radiooncologue. Les effets secondaires discutés dans ce billet peuvent varier énormément en intensité selon les facteurs discutés ci-dessous. Seul votre médecin peut vous renseigner sur votre traitement.
Facteurs qui influencent les effets secondaires
La dose et le fractionnement. Un traitement de radiothérapie est prescrit en termes de dose totale et nombre de fractions (séances). Plus la dose totale est importante, plus le risque d’effets secondaires est augmenté. Le nombre de fractions peut également influencer l’intensité des effets secondaires.
L’étendue de la maladie. Bien entendu, plus une région à traiter est volumineuse, plus élevé sera le risque de développer des effets secondaires.
La localisation du cancer. Les poumons sont des organes assez volumineux. La localisation précise du cancer à l’intérieur de ces derniers influence grandement les effets secondaires qui seront ressentis par les patients.
La technique utilisée. L’utilisation de techniques modernes de radiothérapie, par exemple la modulation d’intensité par planification inverse (IMRT) peut permettre de limiter certaines toxicités.
Ces paramètres doivent être pris en considération avant de tenter de prédire des effets secondaires de la radiothérapie. C’est pourquoi seul un radiooncologue est en mesure de vous guider concernant les toxicités prévues de votre traitement.
Ceci étant dit, voici les effets secondaires les plus fréquents de la radiothérapie au poumon.
Pendant les traitements
Fatigue. La fatigue est un effet secondaire fréquent de toute radiothérapie. Il s’agit le plus souvent d’une fatigue légère pour laquelle une sieste permet de bien récupérer.
Les effets secondaires suivants, s’ils surviennent, n’apparaissent pas soudainement. Ils sont graduels et tendent à apparaitre après environ deux semaines de traitements.
Difficulté à avaler – douleur en avalant. L’oesophage, le “tube pour avaler”, est situé à proximité des poumons (entre ces derniers). Étant donné sa proximité, il doit souvent être exposé à une bonne partie de la dose de traitement, ce qui peut entraîner des problèmes de déglutition. Ceci peut devenir important et nécessiter des ajustements à la diète et même des médicaments. Dans de rares cas, ceci peut devenir assez important pour justifier l’hospitalisation. Outre la fatigue, il s’agit d’un des effets secondaires les plus fréquents du traitement du cancer du poumon, surtout en stade avancé.
Toux. La toux est un symptôme fréquent (mais pas universel) du cancer du poumon. La radiothérapie est souvent efficace pour contrer ce symptôme, mais dans certains cas peut aussi l’empirer. La plupart du temps, la toux entrainée par la radiothérapie est légère et peu incommodante.
Perte d’appétit – nausées. Dans certains cas, surtout lorsque le cancer se situe plus bas dans les poumons (près du foie et de l’estomac), la radiothérapie peut entrainer de la nausée. Par contre, la radiothérapie est souvent combinée à la chimiothérapie, qui peut aussi entraîner ces symptômes. Peu importe la cause, la nausée peut maintenant être bien contrôlée avec des médicaments que votre médecin pourra vous prescrire au besoin.
Pendant ou peu après les traitements
Peau. Dans certains cas, il peut y avoir une dermite radique, c’est-à-dire une réaction cutanée qui s’apparente à un coup de soleil. Dans la majorité des cas, cette réaction n’est que légère. Elle peut s’accompagner de démangeaisons, mais répond bien à une simple crème hydratante que vous recommandera votre équipe traitante. Cette réaction s’apaise quelques jours après la fin des traitements.
Par la suite, il est possible qu’il y ait un changement de couleur de la peau à cet endroit, un peu comme un bronzage après une exposition au soleil. Parfois le contraire se produit, c’est-à-dire que la peau devient moins colorée, un phénomène nommé hypopigmentation. Ces phénomènes se produisent seulement là où le traitement est ciblé et peuvent nécessiter plusieurs semaines, voir des mois avant de s’estomper. À plus long terme, la région traitée restera plus sensible au soleil, de là l’importance d’utiliser une crème solaire lorsqu’on s’expose au soleil (ou simplement garder la région recouverte).
Pneumonite radique (ou poumon radique ou pneumopathie radique). La pneumonite radique “sonne” un peu comme pneumonie, mais en est tout autre. La pneumonite est causée par la radiothérapie, alors qu’une pneumonie est habituellement causée par un agent infectieux. Malgré cette différence importante, les symptômes se ressemblent, surtout la toux et de la difficulté à respirer. Ceci peut, pour certains, être très important et nécessiter des médicaments et même l’hospitalisation. Les symptômes de la pneumonite radique ont tendance à se présenter quelques semaines à quelques mois après la fin des traitements. Étant donné le recoupement important entre les symptômes de la pneumonite et de la pneumonie, il est important de se faire évaluer par un médecin au courant de votre dossier oncologique et sensible à cette éventualité. Notez que la pneumonite n’apparait habituellement pas “du jour au lendemain”, mais évolue sur quelques jours ou semaines. Elle n’est également habituellement pas accompagnée de fièvre importante.
Si vous croyez souffrir de pneumonite radique, n’hésitez pas à en parler avec vos médecins (médecin de famille, pneumologue ou radiooncologue).
Péricardite. La péricardite est l’inflammation de l’enveloppe de tissu qui entoure le coeur (le péricarde). Le plus souvent, la péricardite n’entraîne pas de symptôme, mais à l’occasion peut entraîner des douleurs thoraciques. Ces douleurs devraient être évaluées en centre hospitalier ou du moins être portées à l’attention de votre équipe traitante.
Après les traitements
Ces effets secondaires peuvent se manifester des mois, voire même des années après la radiothérapie. Heureusement, ils ne sont pas fréquents.
Fibrose – douleurs. Après la fin des traitements, un processus de cicatrisation peut entraîner des inconforts là où les traitements ont été administrés, en plus d’atteindre le poumon “normal”. Ceci peut entrainer des inconforts et une difficulté à respirer qui peut persister pendant longtemps ou même devenir permanente. Dans de rares cas, ce processus de cicatrisation peut atteindre l’oesophage ce qui entraîne des difficultés à avaler qui pourraient nécessiter une intervention.
Fractures de côtes. Parfois, les traitements peuvent avoir affaibli les côtes, augmentant le risque de fracture. Bien que l’on associe fréquemment fracture d’un os avec de la douleur, les fractures de côtes associées à la radiothérapie sont fréquemment asymptomatiques (on ne les ressent pas) et seulement découvertes lors d’imagerie de suivi (radiographie ou scan). Il n’y a rien « à faire » avec les fractures de côtes.
Problèmes cardiaques. Il y a quelques années, on a réussi à démontrer un lien entre la radiothérapie et un risque accru de problèmes cardiaques importants, tel que l’infarctus (“crise de coeur”). Ce phénomène s’observe surtout lorsque le cancer est situé près du coeur et que ce dernier reçoit une portion importante de la dose de traitement. Ceci ne veut absolument pas dire qu’un traitement de radiothérapie entrainera un infarctus, mais peut en augmenter les risques.
Conclusion
Ce billet a été rédigé afin d’orienter les patients dans leur discussion avec leur radiooncologue. Tel que mentionné à plusieurs reprises dans le texte, seul votre médecin pourra vous guider dans les risques propres à votre cancer et à votre traitement, en prenant en considération les dizaines d’éléments qui peuvent aider à prédire ces risques. Il faut aussi comprendre qu’il s’agit de risques; on ne parle donc pas de certitude. Bien des patients complètent leurs traitements en n’ayant qu’une légère fatigue et difficulté à avaler pour quelques jours, alors que d’autres auront plus de problèmes.