Effets secondaires de la radiothérapie mammaire (au sein)

La radiothérapie mammaire est fréquemment utilisée dans le traitement du cancer du sein après une chirurgie (mastectomie partielle). Comme tout traitement, elle comporte des risques d’effets secondaires. Ce billet traite des effets secondaires les plus fréquents d’une radiothérapie au sein après une mastectomie partielle ou complète (mastectomie radicale modifiée, aussi appelée mastectomie totale).

Tout d’abord, il est important de comprendre quelques fondements de base de la radiothérapie et des effets secondaires associés. Je suggère fortement de lire ce billet avant de poursuivre votre lecture. De plus, les termes « toxicités » et « effets secondaires » sont utilisés de façon interchangeable dans le texte.

Encore une fois, je réitère l’importance de discuter de votre situation avec votre radiooncologue. Les effets secondaires discutés dans ce billet peuvent varier énormément en intensité selon les facteurs discutés ci-dessous. Seul votre médecin peut vous renseigner sur votre traitement.

Facteurs qui influencent les effets secondaires de la radiothérapie

La dose et le fractionnement. Un traitement de radiothérapie est prescrit en termes de dose totale et nombre de fractions (séances). Plus la dose totale est importante, plus le risque d’effets secondaires est augmenté. Le nombre de fractions peut également influencer l’intensité des effets secondaires.

L’étendue de la maladie. Bien entendu, plus une région à traiter est volumineuse, plus élevé sera le risque de développer certains effets secondaires. Dans les cas de cancer du sein, la présence d’une atteinte ganglionnaire (cancer du sein qui s’est répandu  aux ganglions environnants) est un facteur qui influence habituellement ces volumes.

Au cours des dernières années, la technique d’irradiation partielle du sein a également été mise au point afin de limiter les toxicités du traitement. Cette technique n’est cependant pas pour toutes les femmes; évidemment, à en discuter avec votre médecin.

Ces paramètres doivent être pris en considération avant de tenter de prédire des effets secondaires de la radiothérapie. C’est pourquoi seul un radiooncologue est en mesure de vous guider concernant les toxicités prévues de votre traitement.

Ceci étant dit, voici les effets secondaires les plus fréquents de la radiothérapie au sein.

Les effets secondaires suivants, s’ils surviennent, n’apparaissent pas soudainement. Ils sont graduels et tendent à apparaitre après environ deux semaines de traitements. Je réitère également que le traitement de radiothérapie comme tel est indolore. Vous ne ressentez rien de spécial durant le traitement.

Pendant ou peu après les traitements

Fatigue. La fatigue est un effet secondaire fréquent de toute radiothérapie. Il s’agit le plus souvent d’une fatigue légère pour laquelle une sieste permet de bien récupérer.

Peau. La dermite radique (aussi appelée radiodermite) est une réaction cutanée qui s’apparente à un coup de soleil. Dans la majorité des cas, cette réaction n’est que légère. Elle peut s’accompagner de démangeaisons, mais répond bien à une simple crème hydratante que vous recommandera votre équipe traitante. Il s’agit souvent de la réaction la plus redoutée à la radiothérapie mammaire, mais elle est souvent beaucoup “moins pire” que ce qui est attendu.

Dans certains cas par contre, la dermite radique devient plus importante et peut entraîner de l’inconfort et même de la douleur. La peau peut à ce moment paraitre brûlée et différents pansements peuvent être prescrits par votre médecin pour aider à vous soulager.

La dermite radique tend à s’améliorer environ une semaine après la fin des traitements. Il faut donc être patiente et bien suivre les instructions de votre médecin.

Par la suite, c’est-à-dire quelques semaines après la fin des traitements, il est possible qu’il y ait un changement de la coloration de la peau, un peu comme un bronzage après une exposition au soleil. Parfois le contraire se produit, c’est-à-dire que la peau devient moins colorée, un phénomène nommé hypopigmentation. Ces phénomènes se produisent seulement là où le traitement est ciblé et peuvent nécessiter plusieurs semaines, voir des mois avant de s’estomper. À plus long terme, la région traitée restera plus sensible au soleil, de là l’importance d’utiliser une crème solaire lorsqu’on s’expose au soleil (ou simplement garder la région recouverte).

Inconfort-douleur. Souvent associé à la dermite radique (voir ci-dessus). L’inconfort associé aux traitements de radiothérapie au sein est habituellement léger (s’il y en a) et répond bien à l’acétaminophène (Tylenol, Paracétamol) ou aux anti-inflammatoires. À discuter avec votre médecin.

Péricardite. La péricardite est l’inflammation de l’enveloppe de tissu qui entoure le cœur (le péricarde). Les traitements de radiothérapie au sein, le plus souvent le gauche, peuvent entraîner ce phénomène puisque le cœur est situé plus près du sein gauche. Fréquemment, la péricardite n’entraîne pas de symptôme, mais à l’occasion peut entraîner des douleurs thoraciques. Ces douleurs devraient être évaluées en centre hospitalier ou du moins être portées à l’attention de votre équipe traitante. Il s’agit d’un effet secondaire rare de la radiothérapie mammaire.

Après les traitements

Ces effets secondaires peuvent se manifester des mois, voire même des années après la radiothérapie. Heureusement, ils ne sont pas fréquents.

Inconforts. Après la fin des traitements, un processus de cicatrisation peut entraîner des inconforts au sein qui peuvent persister.

Fibrose. La texture du sein peut être modifiée par la radiothérapie. Le sein traité peut alors devenir plus ferme et même changer de forme, entrainant donc une certaine asymétrie. Dans de rares cas, la fibrose peut entraîner des difficultés à la mobilisation de l’épaule.

Peau. Les changements de couleur de la peau peuvent persister. Rarement, il se développe des petits vaisseaux sanguins à la surface de la peau, appelés télangiectasies. Ces petits vaisseaux ne causent pas de problème outre l’esthétisme.

Problèmes cardiaques. Il y a quelques années, on a réussi à démontrer un lien entre la radiothérapie au sein et un risque accru de problèmes cardiaques importants, tel que l’infarctus (“crise de cœur”). Ceci ne veut absolument pas dire qu’un traitement de radiothérapie entrainera un infarctus, mais peut en augmenter les risques.

Pneumonite radique. La glande mammaire se retrouvant près du poumon, il est possible qu’il se produise une réaction inflammatoire au poumon. Ceci se manifeste le plus souvent par de la difficulté à respirer et une toux. Il s’agit d’un effet secondaire rare de la radiothérapie mammaire.

Lymphœdème. Le lymphœdème est une complication occasionnelle d’une chirurgie du cancer du sein, surtout lorsque plusieurs ganglions au niveau de l’aisselle sont réséqués. Il s’agit d’un oedème (enflure) au bras dû à une perturbation des vaisseaux lymphatiques au niveau de l’aisselle. Bien que ce phénomène ne soit pas dangereux en soi, il peut être particulièrement inconfortable. S’il y a irradiation de la région de l’aisselle et au-dessus de la clavicule, le risque de développer un lymphoedème est plus important.

Conclusion

Ce billet a été rédigé afin d’orienter les patientes dans leur discussion avec leur radiooncologue. Tel que mentionné à plusieurs reprises dans le texte, seul votre médecin pourra vous guider dans les risques propres à votre cancer et à votre traitement, en prenant en considération les dizaines d’éléments qui peuvent aider à prédire ces risques. Il faut aussi comprendre qu’il s’agit de risques; on ne parle donc pas de certitude. Bien des patientes complètent leurs traitements en n’ayant qu’une légère fatigue et une légère dermite radique (radiodermite) pour quelques jours, alors que d’autres auront plus de problèmes.

Pour celles qui apprécient lire des récits de femmes ayant reçu un traitement de radiothérapie (et aussi chimiothérapie pour le cancer du sein), j’ai particulièrement apprécié le style d’écriture d’Anick Lemay (avertissement : langage « Québécois »).